La loi du cœur…

 

 

 

Le battement du cœur pour le bien-être de

l’humanité passe donc dans le déchaînement

d’une présomption démente…

Hegel, Phénoménologie de l’esprit.

 

 

 

 

Un site tout en bleu, bleu comme tes yeux, aussi bleu que le bleu de tes yeux bleus.

Mais aussi, bleu comme le bleu de la mer : Ja, das Meer ist blau so blau.

Es beginnt nähmlich der Reichtum im Meere, dit Hölderlin (C’est dans la mer que commence la richesse.). Nous allons donc plonger dans les profondeurs de la mer administrative…

 

Ce site propose une sorte de promenade à l’intérieur et à l’extérieur du lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen. Il ne s’y passe rien que de très ordinaire. Mais cet ordinaire-là est déjà extraordinaire... Il y règne la loi du cœur. On y assiste à un vrai déchaînement de folie. Pour cette raison, il est un lieu d’observation de la réalité tout à fait passionnant. Il doit son nom, l’OASIS, à une interview aussi désopilante que délirante donnée par le nouveau proviseur du lycée Auguste Blanqui au Bulletin municipal, à Saint-Ouen, en novembre 2003.

 

I Ce site n’existerait pas si, dans ce pays, il y avait encore une vie syndicale, des syndicats menant des luttes réelles. Ils ont globalement capitulé (Voir, par exemple, le destin des luttes pour maintenir les retraites en l’état. Et pourtant, il s’agit d’une atteinte directe à la vie.). Il n’existerait pas plus si la politique y avait encore droit de cité, si des partis politiques représentant des forces et des intérêts réels affrontaient réellement d’autres intérêts, antagonistes. Dans le meilleur des cas, ils sont des machines électorales (Tout y est manigance. L’homme politique est aussi bien clown, chanteur d’occasion, matière à scandale financier…). Il n’aurait aucune raison d’être s’il y avait encore une vie intellectuelle réelle où les conflits seraient marqués à leur endroit. Massivement, excepté quelques notables exceptions, les intellectuels sont devenus les porte-parole de la voix de son maître (Chacun a quelques noms en tête). Pas plus s’il y avait un journalisme digne de ce nom. Les journalistes servent, globalement, d’amplificateurs de la voix de son maître, jusqu’à l’écholalie. Pas plus si l’administration n’était devenue, sous l’empire énarchique, un corps bifrons, représentant, à la demande, une fois, les intérêts privés, plus souvent, l’intérêt public (Voir recours devant le Conseil d’Etat). Que se passe-t-il en effet, lorsque la Haute Assemblée bazarde sa référence, la Constitution de la République ?

 

Le consensus a fait son travail de mort. Ce site a donc, pour ainsi dire, une existence par défaut. Témoin, parmi d’autres, de la corruption généralisée. Témoin, parmi d’autres, de la démission sociale et politique généralisée. Au bout de ce procès général de décomposition, soit nous vivrons nécessairement une sorte de Tchernobyl, soit il y aura peut-être une recomposition viable. La première page de ce site propose donc moins une monographie qu’une autopsie.

 

II A l’origine de ce site, on trouve une protestation d’ordre moral et politique écrite en avril 2000 à l’occasion de l’organisation d’un jeu de bourse (Masters de l’économie / groupe bancaire CIC/ Lycée Auguste Blanqui) qui a valu à son auteur, à cause de la configuration très spéciale de son lieu de travail, d’être conduit devant un tribunal correctionnel. Protestation qui ne fut jamais discutée pour ce qu’elle aurait voulu être. Les temps sont difficiles…

 

III Le contenu de ce site est peut-être à lire comme l’inscription écrite sur Internet d’un symptôme social. Une société qui se refuse à vieillir, des adultes qui restent dans l’enfance, des élèves empêchés de grandir. De ce point de vue, comme « sphère médiane qui fait passer de la famille au monde… », l’école est un lieu privilégié d’observation. Ecrasée d’un côté par l’empire de l’amour maternel (l’inceste de dit y règne sans partage), envahi de l’autre par l’amour filiale (les maisons mères y apportent leurs petits cadeaux empoisonnés), on y sent partout le désir de mort. Dans le meilleur des cas, chacun assiste dans le silence à un véritable étouffement des jeunes générations.

 

 

Il est introduit par la traduction d’un texte de Kurt Tucholsky, D’où viennent les trous dans le fromage ? Texte incongru ici ? Nous le saurons à la fin…

 

Gilbert Molinier