Gilbert Molinier

Professeur de philosophie

 

Adresse administrative :

Lycée Auguste Blanqui B.P. 196

54, rue Charles Schmidt

93 Saint-Ouen Cedex

 

Adresse personnelle :

2, rue Rebeval 75 019 Paris

Tél. : 01 44 52 04 93

e-mail : moliniergilbert@noos.fr

 

N° réf : 234271

 

Lettre recommandée avec accusé de réception

N° 4181 0215 6FR

 

 

Paris, le 29 juin 2002

A Monsieur le Président de la

Section du contentieux du Conseil d’Etat

1, Place du Palais Royal

75001 Paris 01 SP

 

 

Monsieur le Président,

 

J’ai bien reçu le courrier de Monsieur Monsieur le Ministre de la Jeunesse, de l’Education Nationale et de la Recherche.

 

J’ai l’honneur de vous faire connaître les observations que celui-ci appelle de ma part.

 

La première observation de Monsieur le Ministre porte sur la nature et le contenu de la circulaire intitulée Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire. 

Je ne reviendrai donc pas sur les éléments que j’ai avancés dans la requête que j’ai déposée le 28 mai 2001 (Lettre recommandée avec accusé de réception n° : 3255 8924 6FR), les observations que j’ai présentées en réponse au mémoire en défense de Monsieur le Ministre (courrier du 01er décembre, lettre recommandée n°7987 9744 4FR ; courrier du 02 février 2002, lettre recommandée avec accusé de réception n°6687 7377 8FR).  J’y ai longuement démontré que le Code de bonne conduite « ne fait que réglementer l’ordre des infractions aux principes de neutralité et de laïcité ».

Monsieur le Ministre prétend que la circulaire incriminée ne serait qu’un texte d’accompagnement pédagogique à l’usage des proviseurs et des professeurs ne comportant que des instructions relatives à l’organisation du service public de l’Education nationale. Ceci est vrai, mais ne concerne que la troisième partie du Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire. 

 

J’ai déjà rappelé que la circulaire ( Chapitre I du Code de bonne conduite) méconnaissait le principe de neutralité scolaire : dans le cas des démarches publicitaires organisées à, destination des élèves, « la neutralité du service public impose aux autorités administratives et à leurs agents de n’agir qu’en tenant compte des exigences de l’intérêt général. » (Chapitre I).

Or, le principe de neutralité du service public étant de nature constitutionnelle, il est manifestement illégal d’en laisser l’application à l’estimation subjective d’une catégorie de personnels. J’écrivais : « Ils doivent n’agir qu’en fonction des exigences constitutionnelles, en l’occurrence, se soumettre au respect absolu du principe de neutralité et de laïcité scolaire. »

Je constate simplement que Monsieur le Ministre ignore les arguments que j’ai présentés.

 

 

La seconde observation concerne la recevabilité de la requête que j’ai déposée es qualité, c’est-à-dire, en tant que professeur de philosophie : « M. Molinier se prévaut, pour contester la circulaire du 28 mars 2001, de sa qualité de professeur de philosophie. ». Monsieur le Ministre ajoute que […] les agents publics ne sont recevables à contester les instructions de leurs supérieurs hiérarchiques relatives à l’organisation et au fonctionnement du service public que si ces instructions portent atteinte à leurs droits ou à leurs prérogatives. »

 

Par définition, le droit public ne comporte de prérogatives qu’exorbitantes du droit privé. Il est donc parfaitement illégal que Monsieur le Ministre de l’Education nationale confère aux fonctionnaires enseignants une prérogative totalement exorbitante du droit public lui-même, donc créatrice d’un nouvel orbe du droit dont on peut se demander s’il aura des lendemains en doctrine et en jurisprudence.

De ce seul point de vue, qui introduit des discriminations de prérogatives non seulement entre les fonctionnaires, mais entre des fonctionnaires-les enseignants- et le reste des citoyens, la circulaire incriminée est attaquable devant votre haute juridiction par tout citoyen, indépendamment de son appartenance à la fonction publique. 

 

 

 

Par ces motifs, je conclus de nouveau au rejet du Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire.

 

Veillez agréez, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

 

Gilbert Molinier

Professeur de philosophie